Identifier les facteurs et causes de l’absentéisme au travail pour agir : tel est le nouveau défi des responsables RH. Or, déterminer les motifs, c’est aussi faire face à des remises en question parfois inconfortables. Épuisement professionnel, risques psychosociaux, qualité de vie au travail : voici quelques pistes à étudier.
Comment expliquer l’augmentation de l’absentéisme en France ?
La pandémie a, en effet, accéléré le développement de l’absentéisme au travail. Celui-ci a connu un bond de 30% en 2021. Toutefois, la crise sanitaire n’est pas l’unique responsable de ce boom des absences.
Des secteurs et des travailleurs en souffrance
Parmi les secteurs les plus touchés par l'absentéisme, on retiendra :
- L’industrie (42%) ;
- Le tertiaire (31%) ;
- Le commerce (21%).
Selon Malakoff Humanis, toutes les catégories d’emploi ont davantage eu recours aux arrêts maladie. Mais les cols bleus semblent arriver en tête : 44% des non-cadres ont été arrêtés contre 29% des cadres. Leur taux d’absentéisme a augmenté de 26% en 2020 tous secteurs confondus. La raison ? Les confinements successifs semblent avoir accéléré la prise de conscience de certains salariés sur leurs conditions de travail. Toutefois, les managers, fortement sollicités pour gérer les temps de crise, sont aussi guettés par l’épuisement professionnel.
Les risques psychosociaux et le concept de qualité de vie au travail
Qu’est-ce que le bien-être au travail ? Est-il compatible avec des objectifs de performance ? Ces préoccupations sont à l’origine du récent concept de QVTC (Qualité de Vie et Conditions de Travail). Ainsi, depuis la nouvelle loi santé au Travail, les employeurs sont invités à évaluer et prévenir les risques psychosociaux (RPS) de manière plus poussée.
Aujourd’hui, près d’un salarié sur dix évalue négativement sa santé mentale... 29% des salariés ressentent davantage de stress, et 14% avouent avoir développé des habitudes addictives (tabac, alcool, etc.).
Le besoin de bien-être au travail n'est pas une simple lubie qui rime avec babyfoot et salles de repos. Il conduit les directions de ressources humaines à développer des projets pour assurer un « mieux vivre au travail ». Ils doivent donc prêter attention à plusieurs axes :
- La sécurité au travail ;
- La protection de la santé du travailleur ;
- La charge psychosociale occasionnée par leur poste (stress) ;
- L’hygiène du lieu de travail ;
- L’ergonomie ;
- l’embellissement de l’environnement des salariés…
Même si l’absence reste avant tout liée à un problème de santé, elle est souvent annonciatrice d’une situation de mal-être au sein de l’entreprise ou dans son poste.
Il y a généralement un lien de corrélation entre les absences et la baisse d’engagement des collaborateurs. Un employé oppressé par son environnement de travail est naturellement plus enclin à s’absenter.
« Plus largement, la question des conditions de travail est un axe majeur de la perception des salariés sur l’image de l’entreprise. Cela contribue activement à la marque employeur. »
Sébastien Millet, avocat associé au cabinet Ellipse
Quels sont les facteurs et causes de l’absentéisme ?
Une fois les facteurs conjoncturels écartés, un taux d’absentéisme qui augmente subitement est donc le signe d’un malaise. D’ailleurs, le taux seul ne signifie pas grand-chose. Il faut le caractériser pour en tirer des enseignements, comparer son absentéisme avec :
- Les autres entreprises de son secteur ;
- Les principaux concurrents ;
- Le taux d’absentéisme régional…
Sans oublier de croiser les données de genre, de parcours professionnels et de santé. Mais les causes de l’absentéisme sont différentes selon le type d’absence. La maladie, les accidents de travail ou de trajet sont, par exemple, imprévisibles et subis. Cependant, elles peuvent également générer des effets différés sur la santé des personnes. Comme la maladie professionnelle n’altérant l’état de santé du salarié que progressivement. L’âge de ses collaborateurs peut aussi expliquer le développement de maladies chroniques et évolutives. Surtout si les conditions de travail demeurent difficiles et manquent d’aménagements (tutorat, adaptation de postes, parcours alternatifs, etc.).
L’absentéisme dit « comportemental » en revanche serait lié à des causes indirectes :
- Carences dans la valorisation et la reconnaissance professionnelles ;
- Type de management ;
- Absence d’évolution de carrière ;
- Surcharge (ou sous-charge) de travail ;
- Difficultés de vie hors travail (temps de transports, garde des enfants, etc.).
Dans tous les cas, les conditions de travail doivent être prises en considération, aussi bien pour gérer l’absentéisme que pour le prévenir.
« L’entreprise doit être prête à se confronter à des retours de collaborateurs pouvant être négatifs. »
Pascale Breton, directrice du pôle Conseil de Prévia
La stratégie de l’autruche est donc à bannir ! Car le manque de main-d’œuvre aura un impact direct sur la surcharge de travail des salariés encore présents, donc sur leur engagement et leur santé à leur tour.
Quelles conséquences sur l’entreprise et le personnel ?
Les victimes de l’absentéisme sont souvent les salariés eux-mêmes. Ils sont davantage sollicités pour combler les absences et voient leur charge de travail augmenter. Le climat social se détériore. L’employé en renfort a le sentiment de faire le travail des autres. Ce type de situation ne peut durer sur le long terme. Par ailleurs, les conséquences de l’absentéisme pour l’entreprise sont nombreuses :
- Perturbation de son fonctionnement ;
- Baisse de productivité ;
- Diminution de la rentabilité ;
- Mauvais retour client ;
- Désorganisation ;
- Coûts importants.
« À titre d’exemple, pour une entreprise de 1 000 salariés avec 30 000 euros de salaire moyen, si vous avez un taux d’absentéisme de 5%, ça peut vous coûter entre 1,5 et 3 millions d’euros par an »,
Noémie Marciano, directrice technique et offre de conseil Health & Benefits chez Gras Savoye
La solution ? Trouver une manière de gérer le remplacement des salariés à court terme avec une méthode agile. Et si la réponse se trouvait facilement dans votre écosystème d'emploi étendu ?
En résumé, les facteurs et les causes de l’absentéisme nous apprennent qu’il ne faut pas laisser les équipes subir des situations de sous-effectif sur la durée, car des absences peuvent en engendrer d’autres ! Les risques psychosociaux et la pénibilité du travail ne doivent plus être sous-estimés. Le nouveau challenge des employeurs résidera dans leur capacité à les limiter.