Le désengagement des salariés, combien ça coûte ? Bien entendu, vous êtes conscient de ce que l’engagement du personnel a de déterminant pour la performance de l’entreprise. Encore faut-il pouvoir le valoriser, au sens capitalistique du terme, pour le piloter. C’est à cette fin que, depuis 2011, Mozart Consulting et le groupe APICIL ont mis au point l’IBET©, l'Indice de Bien Être au Travail, premier modèle socio-économique de mesure en continu du bien-être au travail.. Présentation de cet outil et focus sur les enseignements de l’IBET© national 2019.
Un outil éthique visant la performance économique
L’émergence de la QVT dans l’entreprise ces dernières années n’est pas le fruit du hasard. Les arrêts maladie, l’absentéisme, le turnover ou les fameux burn-out s’expliquent par plusieurs phénomènes qui interagissent entre eux : contexte économique incertain, demande d’immédiateté liée au digital, transformation des modèles économiques, intensification du travail. Une meilleure qualité des relations, une autonomie plus grande pour les salariés, un management plus approprié sont les meilleurs moyens de contrer et de prévenir le mal-être des salariés. Il en va de la performance sociale et de la productivité dans l’entreprise.
Ce préalable posé, l’intérêt de pouvoir évaluer et valoriser l’engagement de vos salariés est évident. C’est ce que propose l’IBET©, qui permet de mesurer le bien-être au travail afin de piloter l’amélioration de la performance sociale, en livrant sur celle-ci diagnostic chiffré et statistique. L’IBET© est un outil décisionnel combinant éthique et performance économique : une nouvelle norme socioéconomique, qui éclaire les résultats d’une décision stratégique avec la qualité de l’engagement des parties prenantes dans l’exécution opérationnelle. Il peut révéler une sur-valeur (Goodwill Social©) ou une sous-valeur sociale de performance (Badwill Social©).
Assuré par des experts car très complexe, le mode de calcul de l’indice IBET se fonde sur des données neutres et impartiales : départs (licenciements, démissions...), maladies professionnelles et accidents du travail, données sociales au sens large... Il n’est pas nécessaire d’en comprendre le détail pour tirer un avantage stratégique de cet indice déclinable par secteur, par taille d’entreprise et par zone géographique. Concrètement, la valeur de l’indice IBET évolue de 0 à 1 ; ce dernier chiffre représente la meilleure performance de l’engagement socio-organisationnel de l’entreprise.
IBET national : un niveau d’engagement « contraint »
En juillet 2017, pour la 7e année consécutive, le groupe APICIL et le cabinet Mozart Consulting ont présenté les résultats de l’étude nationale de l’IBET. Basé sur les statistiques 2015, l’indice a fait ressortir, à 0,75, un niveau d’engagement des salariés qualifié de “contraint”, révélant une dégradation de valeur ajoutée de 25% (Badwill Social©).
D’après les conclusions de l’étude, la mauvaise organisation du travail est la première cause de dégradation de la compétitivité des entreprises du secteur privé, lesquelles emploient 18,3 millions de salariés.
Autre chiffre marquant, l’impact du mal-être au travail représente un coût moyen par salarié de 12 600 €, dont 77% sont dus aux désengagements réciproques entreprise/salarié et 23% aux non-disponibilités de santé/sécurité. Ces dysfonctionnements représentent un Badwill Social© de 230 milliards €, ou 11,5% du PIB 2015. L’étude révèle également des disparités nettes en fonction des secteurs économiques. Certains macrosecteurs comme l’Industrie, avec un IBET© de 0,86 en 2017, affichent ainsi un très bon niveau de performance sociale. C’est aussi le cas pour l’Énergie-environnement (0,85) et la Banque-assurance (0,86).En revanche, le niveau de performance sociale est dégradé pour la Construction (0,73), qui accuse une baisse de 3 points par rapport à l’an dernier. Les secteurs Commerce non-alimentaire (0,71), Service aux entreprises (0,73) et Transport-logistique (0,74) maintiennent eux aussi un niveau dégradé, indicateur de désengagement.
Les disparités sont aussi fonction de la taille des entreprises : l’IBET© moyen national 2017 des TPE (0,70) et des PME (0,72) met en lumière la difficulté des petites structures à créer de l’engagement et fidéliser leurs salariés.
Le capital humain fait partie des actifs immatériels que toute entreprise soucieuse de performance aurait intérêt à valoriser autrement que par l’intégration de son coût dans le compte de résultat. À ce titre, l’indice IBET© apporte un éclairage pouvant favoriser une meilleure coopération entre DAF et DRH. Le SROI, ou retour social sur investissement, constitue une autre démarche de mesure pour la valorisation du capital humain. Nous reviendrons sur cette notion dans un prochain article.