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La Grande Démission en France est-elle une problématique marché ou une tendance de fond ?

La Grande Démission en France est-elle une problématique marché ou une tendance de fond ?

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En France ou outre-Atlantique, de nombreuses entreprises ont connu un phénomène comparable en 2021 : celui de départs volontaires d’un nombre inhabituellement élevé de salariés. Mais que reste-t-il aujourd’hui de la fameuse Grande Démission post-covid ? Une tendance de fond est-elle en train de se dessiner et de rebattre définitivement les cartes sur le marché du travail ?

Une étude récente de la Dares confirme l’ampleur du mouvement. Elle permet toutefois aussi de le relativiser sur une perspective historique plus longue et surtout, de mieux comprendre son impact concret pour les recruteurs. Voyons ensemble l’essentiel à retenir sur le sujet.

Retour sur le volume de démissions inédit en France depuis 2008

Le début de l’année 2022 marque un rebond significatif des démissions au sein des entreprises françaises. Au cours du premier trimestre, les entreprises ont enregistré un total de 523 107 départs volontaires sous la forme d’une démission – en excluant donc, par exemple, les procédures de rupture conventionnelle.

Parmi l’ensemble de ces cas répertoriés, pas moins de 469 610 concernaient des collaborateurs bénéficiant d’un contrat de travail à durée indéterminée (CDI), soit près de 90% du total.

Ces départs massifs peuvent bien sûr traduire de nombreuses motivations différentes :

  • Chercher un nouvel emploi dans le même secteur d’activité ;
  • Engager une réorientation professionnelle complète ;
  • Quitter le monde du travail...

Après le creux observé au plus fort de la crise sanitaire en 2020, le volume des démissions a rattrapé et largement dépassé les moyennes connues en 2019 (entre 400 000 et 450 000 démissions par trimestre).

La Dares relève que ce niveau est certes un record historique, mais n’est pas entièrement inédit : lors de la crise financière de 2008-2009, les vagues de départs avaient déjà connu une intensité impressionnante. À titre d’exemple, le premier trimestre 2008 détenait, jusqu’à récemment, le record connu avec, au total, 509 694 démissions.

Bon à savoir : Un taux de démission en progression rapide
Le taux de démission désigne le rapport entre le nombre de démissionnaires et l’effectif total des salariés. Il s’élevait à 2,7% au dernier trimestre 2021 et au premier trimestre 2022 – soit un niveau inégalé depuis la crise de 2008, qui avait connu un taux de démission record de 2,9%.

Grande Démission en France ou grande reprise ?

Une augmentation du nombre de démissions, rappelle la Dares, n’est pas fondamentalement une mauvaise nouvelle. Comme le savent la plupart des directions RH, les départs volontaires se font plus nombreux en période d’embellie économique. En effet, ces phases se traduisent par :

  • Une intensification de l’activité de la plupart des entreprises ;
  • Une augmentation de leurs besoins de recrutement ;
  • Des opportunités d’évolution bien plus nombreuses pour les salariés, notamment si leur profil est très recherché.

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À l’inverse, les périodes de récession ou d’incertitudes incitent la plupart des actifs à une plus grande prudence et à faire preuve de conservatisme dans leurs choix de carrière. L’augmentation récente des salariés démissionnaires, selon l’étude, doit donc être considérée comme un phénomène normal – dans le cadre spécifique de la reprise économique post-covid. Ce contexte économique favorable est d’ailleurs confirmé par les excellents chiffres du taux d’emploi :

  • Il était de 82% des personnes âgées de 25 à 49 ans au cours du dernier trimestre 2019 et du premier trimestre 2020, juste avant la pandémie ;
  • Le taux a ensuite chuté à 80,2% au deuxième trimestre 2020, au plus fort de la crise sanitaire ;
  • Il a atteint 82,5% au premier trimestre 2022, soit un niveau supérieur à celui de la période d’avant-crise.

Ces éléments indiquent que la majorité des salariés démissionnaires ne s’éloignent pas du marché de l’emploi, et saisissent simplement de nouvelles opportunités. D’après les données de la déclaration sociale nominative (DSN), 8 démissionnaires de CDI sur 10 retrouvent d’ailleurs une activité dans les 6 mois suivant leur départ.

Et aux États-Unis ?
La “Great Resignation” ou “Big Quit” est une réalité incontestable outre-Atlantique. Le
taux de démission atteint 3% au mois de décembre 2021, soit un niveau observé pour la dernière fois en l’an 2000. Ces niveaux de volatilité sur le marché de l’emploi ne sont cependant pas nouveaux aux États-Unis. À titre d’exemple, celui dans l’industrie manufacturière est identique à celui des années 1950 et 1960, au plus fort de la prospérité économique des Trente Glorieuses.

Quel lien avec les difficultés de recrutement des entreprises ?

Au même titre que la délicate rétention des collaborateurs, la plupart des entreprises évoquent aussi une pénurie croissante de candidats à l’embauche. Les difficultés chroniques de recrutement concernaient, en juillet 2022 :

  • 81,2% des entreprises du secteur bâtiment et travaux publics (BTP) ;
  • 67,2% des entreprises de l’industrie manufacturière ;
  • 59,6% des entreprises de services.

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Cette situation peut sembler paradoxale, alors même que les démissionnaires ont rarement été aussi nombreux et recherchent très majoritairement un nouveau poste. Il faut cependant prendre en compte que :

  • La reprise économique fait naître de nouvelles opportunités pour les salariés, et suscite donc un appel d’air chez les démissionnaires ;
  • La demande accrue de travail favorise les débauchages entre entreprises en vue de se disputer les meilleurs talents, aggravant les difficultés de recrutement ;
  • La situation très inégalitaire face aux difficultés de recrutement confirme la position de force des salariés, en mesure de choisir leurs conditions de travail.

Peut-on donc parler de « Grande Démission » en France ? Ce mouvement important, observé depuis environ un an, ne traduit pas un éloignement du monde professionnel. Il confirme, en revanche, les aspirations de nombreux salariés à de meilleures conditions de travail et de rémunération, et la nécessité pour les employeurs de s’y intéresser de plus près pour recruter et retenir les talents.

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