Face à un besoin continu en main d’œuvre et un marché volatile, un manque de visibilité sur les compétences en présence ou encore des taux d’absentéisme et de turn-over élevés, de nombreuses entreprises du Facility Management bataillent quotidiennement pour maintenir une continuité de service. Une situation qui ne s’arrange pas avec la crise mondiale du coronavirus. Dans ce secteur pluridisciplinaire dédié à la maintenance technique (hard Facility Management) ainsi qu’à la propreté et au multi-services (soft Facility Management), la réallocation des ressources prend ses quartiers afin de booster l’engagement des collaborateurs et valoriser leurs métiers.
L’engagement des collaborateurs : priorité de l’entreprise
L’engagement des collaborateurs au travail apparaît comme une mission prioritaire de l’entreprise, notamment parce qu’il génère de meilleures performances : une hausse de la productivité, une réduction du turnover et de l’absentéisme. Alors, en période de reprise lente après le confinement pour lutter contre la propagation de la COVID-19, sur quels leviers s’appuyer pour susciter et/ou renforcer l’engagement des équipes, en particulier dans le secteur du Facility Management (FM) qui offre une gestion des services garantissant le bon fonctionnement des entreprises ?
En dessous de 65 000 euros de revenus par an, la rémunération reste la première motivation des collaborateurs quel que soit le métier exercé. Dans le secteur du FM dominé par la tension sur les coûts, avec des prix hélas souvent tirés vers le bas par les donneurs d’ordre, et un business composé à plus de 85% par de la main d’œuvre, miser exclusivement sur la politique de rémunération semble impensable. Et cela se renforce avec la conjoncture actuelle où les trésoreries sont exsangues.
Si l’entreprise Derichebourg « a à cœur de rétribuer ses collaborateurs à leur juste valeur et de garantir le respect de leurs droits [et s’est inscrite dans] une démarche d’amélioration continue afin d’assurer une paie de qualité et d’apporter des garanties dans l’élaboration des contrats de travail », elle compte également sur la mobilité interne et la création d’une bourse d’emploi pour répondre aux besoins de l’entreprise, aux attentes de ses collaborateurs et bien entendu pour favoriser l’engagement. Elle se doit aussi de récompenser son personnel qui est resté mobilisé pendant le confinement.
Les bénéfices de la réallocation des ressources dans le Facility Management
La mobilité interne traditionnelle comporte son lot d’avantages, la réaffectation du personnel disponible et volontaire sur un site en sous-effectif selon les besoins aussi. La crise du coronavirus a généralisé ce besoin pour toutes les entreprises. En effet, la mobilité ponctuelle permet de faire fi de la pénurie de compétences que connaissent les activités multi-techniques et multi-services. Rappelons que les agents d’entretien de locaux, les employés polyvalents de la restauration ou encore les manutentionnaires font partie du top 10 des métiers les plus recherchés en France, selon le Baromètre Besoin de main d’œuvre 2019 de Pôle Emploi. La réallocation de personnel contribue à assurer la continuité des prestations avec la même qualité de service. Et de fait, elle réduit les coûts liés au recrutement de nouveaux talents tout en limitant le recours à l’intérim. Elle offre une nouvelle façon de piloter la montée en charge de l’activité.
Elle permet également de valoriser et diffuser les savoir-faire et les savoir-être de l’organisation fondés sur la qualité des formations internes, la capacité de l’encadrement à soutenir les équipes, mais aussi les valeurs et la culture de l’entreprise.
Dans le même temps, elle répond aux attentes des collaborateurs en matière d’accompagnement, de reconnaissance, de confiance, d’autonomie et de responsabilisation. Se sentir utile n’a jamais été aussi important pendant le confinement. Car en mettant la carte du volontariat sur la table, l’entreprise encourage les collaborateurs à être acteurs de leur propre parcours de carrière. Proposer des perspectives à ses collaborateurs, du soft ou du hard Facility Management, c’est aussi leur donner l’opportunité de s’intéresser au devenir de l’entreprise et donc de s’impliquer davantage.
Les enjeux sont importants et au-delà de la phase de reprise. Derrière la réallocation de personnel se cache une meilleure attractivité de l’entreprise mais aussi une rétention des talents renforcée, et in fine une amélioration de la marque employeur.
D’autant plus en temps de crise, comme celle du coronavirus, où les collaborateurs peuvent légitimement craindre pour la pérennité de leurs emplois. Être en mesure de réaffecter rapidement leurs compétences là où il y a un besoin permet de les rassurer sur leur devenir. Pour l’entreprise, c’est également le moyen de prouver voire de réaffirmer son agilité auprès des donneurs d’ordre en faisant preuve de réactivité.
Les ROI de la mobilité interne ponctuelle
Plusieurs acteurs du Facility Management ont d’ores et déjà franchi le pas de la mobilité ponctuelle et récoltent les fruits de leurs efforts, notamment au travers des témoignages de leurs collaborateurs. « Dalkia est une entreprise où l’on peut faire carrière car il y a une grande diversité de postes, de métiers et de filières, commente Benjamin Berghe, manager opérationnel au sein du groupe. La mobilité et l’évolution, que j’ai déjà bien expérimentées, sont facilitées par la formation et l’accompagnement de la hiérarchie. Alors oui, je souhaite continuer à évoluer, dans la santé ou, pourquoi pas, en changeant de secteur. L’avenir le dira ! ».
Le groupe Elior, également adepte de la mobilité interne, souligne quant à lui que la qualité des politiques RH menées ces dernières années ont permis d’atteindre un taux de turn-over inférieur à la moyenne des entreprises du secteur, soit 14,10 contre 16,7. Le recours aux contrats d’intérim paraît même anecdotique dans les cuisines centrales. En effet, il représentait 120 postes équivalent temps plein en septembre 2019 sur un effectif global de 3 100 collaborateurs.
De bonnes nouvelles qui devraient inspirer d’autres secteurs similaires comptant dans leurs effectifs une importante population de cols bleus. Par exemple, dans son rapport sur la Responsabilité sociétale de l’entreprise (RSE) rendu public en juillet 2019, le groupe Servair déplorait une progression de l’absentéisme, atteignant 11,4% en 2018 contre 11,1% un an plus tôt. Afin d’inverser la courbe, le spécialiste de la restauration aérienne a annoncé le lancement d’un travail sur les causes du phénomène, « préalable à des actions visant à maîtriser cette évolution ».
Tous secteurs confondus, seuls 6% des Français se disent engagés contre 10% en moyenne en Europe. Comment parvenir à motiver les collaborateurs, notamment ceux aux rémunérations peu valorisées qui déplorent un manque de reconnaissance ? A l’heure où la crise du Covid-19 met en lumière le caractère essentiel des métiers le secteur du Facility Management, dispose avec la réallocation de personnel d’une carte maîtresse pour faire taire les stéréotypes et remporter la partie de l’engagement.